Chapitre 5 - De la forme de l'Etat

You didn’t come this far to stop

En vertu de la Constitution actuelle, le Cameroun est un État unitaire décentralisé. Mais, dans la réalité, le Cameroun est un État fortement centralisé, ce qui est contreproductif et hautement préjudiciable, d’où la nécessité de repenser la forme de l’État.

Le problème de la centralisation

Dans tous les pays du monde, il existe des problèmes qui ne se posent pas de la même façon dans tous les coins du territoire ; on ne peut donc pas les traiter de façon uniforme, en appliquant une politique globale, pensée par un seul homme, pour tout le pays. Certains problèmes auxquels les populations sont confrontées nécessitent l’intervention d’un gouvernant assez proche d’elles ; un tel gouvernant peut mieux comprendre lesdits problèmes et mieux apprécier les besoins des populations demanderesses du service public. Il existe aussi des problèmes dont les solutions à apporter ne doivent souffrir d’aucun retard : la fourniture d’eau ou d’électricité rompue ; les ordures ménagères à enlever au quotidien ; des secours à apporter en cas de sinistre… Au Cameroun, à l’heure actuelle, pour tous ces problèmes, les habitants d’une localité située à plus de mille (1000) kilomètres de Yaoundé, doivent attendre la solution qui leur viendra de l’intervention d’un homme politique ou d’un fonctionnaire étatique, installé dans un bureau dans cette ville, Capitale de Cameroun. Il faudra d’abord que l’information, relative au problème, arrive à Yaoundé, chez le Ministre en charge du secteur concerné, ce qui n’est pas évident, dans un pays où les communications sont difficiles ; il faudra attendre que le Ministre transmettre le dossier à un de ses collaborateurs pour étude. Le dossier est ainsi traité par un fonctionnaire, à partir de Yaoundé. Très souvent, ce fonctionnaire ignore tout de l’environnement dans lequel le problème se pose ; il n’a aucune maîtrise des réalités locales que vivent les populations pour lesquelles il doit penser la solution à un problème. Dans ces conditions, il y a fort à parier que la solution proposée sera en inadéquation avec les attentes des populations. Même lorsque la solution théorique est trouvée, il faut encore braver la distance entre Yaoundé et la localité où le problème est posé, pour le résoudre concrètement. On s’imagine alors les souffrances des populations, vivant majoritairement dans des localités éloignées de la Capitale du Cameroun, seul centre de décision pour un pays de plus 475 000 kilomètres. Encore que, même les habitants de Yaoundé ne sont pas épargnés par la mauvaise gouvernance, liée à la centralisation de la gestion du Cameroun.

En effet, la centralisation suppose que l’on a parfois, un seul et même fonctionnaire qui, à partir de Yaoundé, est appelé à étudier les dossiers individuels de trente millions (30 000 000) de Camerounais. Si chaque dossier à traiter lui prend un jour de travail, il lui faudra environ 82 000 ans pour traiter les dossiers de tous les Camerounais, ce qui est humainement impossible. On comprend alors que la centralisation est le pire des modèles de gestion des affaires d’un pays.

Au Cameroun, on le sait : pour affecter un enseignant dans un établissement scolaire, il faut attendre la décision d’un Ministre installé à Yaoundé ; il en est de même lorsqu’il faut recruter un infirmier dans un dispensaire ; acheter une couveuse et l’installer dans un hôpital ; nommer un agent de bureau à un poste vacant dans une Administration publique, y acheter du papier et des stylos…S’il arrive que le Ministre soit malade ou en congé, tout le monde va attendre, puisque, dans un système de centralisation, personne ne veut déléguer, ni la signature, ni le pouvoir, ni la compétence. Pendant ce temps, l’activité étatique est arrêtée et le pays stoppe sa marche vers le développement.

Les solutions

Le Parti UNIVERS se propose d’ouvrir un véritable débat national sur la forme de l’État. Dans tous les cas, il va falloir abandonner cette gestion hautement centralisée des affaires publiques au Cameroun. On devra alors choisir entre une véritable décentralisation et le fédéralisme. Dans tous les cas, le Pouvoir central doit considérablement se décharger, au profit des autorités publiques de proximité (Mesure 1); ceci suppose alors une réduction drastique du nombre de Ministère du Pouvoir central étatique (Mesure 2).

Mesure 1 - La promotion de la décentralisation ou du fédéralisme

Aujourd’hui, le Cameroun, État hautement centralisé, est composé de dix régions. On pourrait toujours reconduire ces régions dans le cadre d’une vraie décentralisation, si tel est la volonté du peuple camerounais. Si le peuple opte pour un État fédéral, on pourrait penser à un Cameroun en trois États fédérés, à savoir : l’État du Nord (Régions actuelles de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) ; l’État du Sud (Régions actuelles du Centre, du sud, et de l’Est) ; l’État de l'Ouest (Régions actuelles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de l'Ouest et du Littoral).

Dans la mise en œuvre concrète d’une politique de décentralisation ou de fédéralisme, il est nécessaire que d’importantes ressources soient affectées aux régions, ou aux états fédérés. Ainsi, le budget du pouvoir central ne devrait pas dépasser les 40% du budget national. D’ailleurs, le pouvoir central ne devrait s’occuper que des affaires liées à la souveraineté du pays : Sécurité et défense nationale, Monnaie, Diplomatie, Justice. Naturellement, il appartient aux autorités du Pouvoir central, ou aux autorités de l’État fédéral, de définir de politique générale de la nation. Les Régions, ou les États fédérés, seront chargés de la gestion des problèmes quotidiens des camerounais : eau, électricité, écoles, hôpitaux, salubrité …

Mesure 2- Réduction du nombre de Ministère et autres institutions du pouvoir central ou du pouvoir fédéral

Tous les observateurs de la vie politique des nations s’accordent pour reconnaître qu’il y a trop de Ministères au Cameroun. La mise en place d’une vraie décentralisation, ou d’un État fédéral, passe incontestablement par une réduction du nombre des Ministères relevant du Pouvoir central ou de l'Etat fédéral. Le Parti UNIVERS propose à cet effet la fusion des ministères dont l’éclatement actuel n’obéit à aucune logique d’efficacité. Ainsi, et à titre d’exemples, les Ministères actuels de l’Éducation de base, des Enseignements secondaires, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, de l’Emploi et de la formation professionnelle, de la Jeunesse, fusionneront pour former un grand ministère de l’Éducation nationale ; un seul Ministère s’occuperait de l’Environnement et la protection de la nature, de la forêt et de la faune ; un seul ministère s’occuperait des affaires sociales, de la promotion de la femme et de la famille ; le sport, la culture, les arts, les spectacles et la communication seront regroupés ; le ministère des petites et moyennes entreprises disparaîtra, pour faire partie d’un grand ministère qui regroupant l’Économie, l’agriculture et le développement rural, l’Eau et l’Énergie. Les ministères doivent cesser d’être des structures opérationnelles d’exécution. Leur mission sera essentiellement de conception des stratégies globales ; il s’agira aussi des missions de régulation et de contrôle des activités des services publics opérationnels.