Chapitre 3 - De la Nationalité Camerounaise

You didn’t come this far to stop

Une nation est un groupe humain assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun. Très souvent, la nation est fixée sur un territoire ; elle est personnifiée par une autorité qui gouverne le groupe. Pour celui qui se reconnait comme membre d’une nation, et qui remplit les conditions juridiques de rattachement à ladite nation, on dit qu’il en a la nationalité. Au Cameroun, relativement à la nationalité, deux questions s’invitent au débat : la question du sentiment national (Thème 1) et la question de la double nationalité (Thème 2).

Thème 1 - La question du sentiment national

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Le problème

A l’époque coloniale, le rattachement à une tribu faisait partie de l’identification des camerounais indigènes. On disait alors que tel indigène est de « race Ewondo », de « race Eton », de « race Bassa », de « race Sawa », « de race Maka », « de race Moundang », de « race Toupouri », de « race Peulh ». Le terme « race » était utilisé pour faire savoir qu’il s’agit d’un sujet de race noire, pour être différencié du colon de race blanche. Pendant longtemps, les camerounais indigènes et même les évolués, se sont habitués à ce rattachement identitaire, à la fois racial et tribal. Les choses n’ont pas beaucoup changé de nos jours, même si officiellement, la race et la tribu ne font plus partie de l’identité des citoyens. Mais, dans la sociologie des citoyens du Cameroun, on se considère d’abord comme étant « Eton », « Toupouri », « Maka » ou « Sawa », avant de se sentir camerounais de nationalité.

La politique dite d’« équilibre régionale », qui est en réalité une politique d’équilibre tribal, menée par le système en place a encore conduit les camerounais à être plus rattachés à leur tribu d’origine qu’à l’ensemble de la nation. Le camerounais se retrouve au niveau national avec le sentiment d’être représentant de sa tribu ; il défend alors plus les intérêts de sa tribu que ceux du Cameroun ; beaucoup de regroupements associatifs, politiques, économiques, sont faits essentiellement sur la base des considérations tribales. Le Cameroun apparait, dans l’esprit de beaucoup de camerounais, comme une structure détachée de la tribu à laquelle on appartient. On n’est pas gêné de sacrifier la nation camerounaise au profit de la tribu. C’est ce qui explique les détournements des fonds publics de la nation camerounaise pour en faire bénéficier à sa tribu ; les institutions, censées être républicaines, sont confisquées par des individus ou des groupes tribaux ; on a parfois l’impression que la nationalité se limite à la tribu. Un camerounais, se retrouvant dans le fief d’une tribu qui n’est pas la sienne, est traité d’« étranger », alors qui est bien au Cameroun. Lorsqu’un camerounais parle de « chez lui », il fait référence uniquement à sa localité natale, fief de sa tribu, et non de l’ensemble du Cameroun. Le Camerounais se sent uniquement citoyen de sa localité d'origine ; sur le plan politique, il y est inscrit sur la liste électorale, alors qu’il n’y réside même pas ; il n’aspire à être Conseiller municipal, Maire ou Parlementaire, uniquement de sa localité d'origine…Tout ceci a pour conséquence l’absence d’une solidarité nationale qui empêche les camerounais d’œuvrer ensemble pour le développement global du Cameroun. Le développement est axé sur la tribu et non sur la nation. En 1996, il a été inscrit dans la Constitution, des termes tels que : « allogène », « autochtone », pour différencier les Camerounais. Mais, jusqu’à nos jours, plus de trente ans plus tard, aucune définition juridique de ces deux termes n’a jamais été mise en place. Mais, dans la sociologie camerounaise, on se comprend très bien.

Nous sommes en 2025 ; Oumarou Sanda est un camerounais, né à Yaoundé en 1990, de son père Oumarou Bouba, né à Yaoundé en 1965 ; son grand-père, Oumarou Goni, venu de Garoua, dans le Nord-Cameroun, est installé à Yaoundé depuis 1950 ; La famille Oumarou a fait fortune à Yaoundé, dans le commerce et dans l’immobilier. Aucun membre de cette famille n’a plus jamais mis les pieds à Garoua ; tous leurs intérêts se trouvent à Yaoundé. Dans la sociologie camerounaise, on dira que la famille Oumarou est « autochtone » de Garoua et « allogène » à Yaoundé. Cette vision sociologique-juridique de la nationalité camerounaise constitue un véritable problème, relatif au sentiment national, auquel des solutions doivent être trouvées.

Solutions

Sur toutes les questions relatives au sentiment national, les opinions divergent. Certains Camerounais restent fortement attachés à leur tribu d’origine, pendant que d’autres estiment qu’il faut absolument se débarrasser des considérations tribales dans la gestion des affaires publiques. Le Parti UNIVERS entend ouvrir un réel et franc débat entre camerounais. Il va falloir que le peuple lui-même se prononce sur le maintien ou non des notions d’ « allogène » et d’ « autochtone » dans la Constitution, et partant dans les pratiques institutionnelles camerounaises. Dans le cas où les Camerounais optent pour leur maintien, il va falloir réfléchir sur leurs définitions sociologiques et juridiques, en veillant à mettre en place des modalités d’exercice des droits des uns et des autres, sans compromettre l’unité, l’intégration et la cohésion nationale. La nationalité camerounaise et l’égalité de tous, sur toute l’étendue du territoire national, doivent être préservées.

Thème 2- La question de la dispora et de la double nationalité

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La diaspora est l’ensemble des membres d’un peuple dispersés hors de leur territoire d’origine, à travers le monde, restant en relation entre eux et gardant des liens avec leur pays d’origine. La première diaspora camerounaise s’est constituée à travers l’émigration forcée. C’est ainsi que, dès 1472, on retrouve des camerounais au Portugal, amenés par les explorateurs qui prétendent avoir découvert le Cameroun. Les camerounais au Portugal étaient exposés dans des grandes places comme objet de curiosité. Pendant la Traite négrière, de nombreux camerounais ont été déportés en Amérique comme esclaves. Au cours des deux dernières Guerres mondiales, des camerounais ont été forcés d’émigrer vers l’Europe, parce que enrôlés dans les troupes coloniales. Après l’émigration forcée dans la constitution de la diaspora camerounaise, il y a eu des vagues d’émigrations volontaires. Aujourd’hui, cette diaspora est essentiellement composée de camerounais ayant quitté leur pays d’origine pour des raisons, plus économiques que politiques, liées à la mal gouvernance du Cameroun. Dans un premier temps, les pays ex-colonisateurs étaient très sollicités par l’émigration camerounaise ; avec l’évolution du monde, cette diaspora compte de nombreux membres dans presque tous les continents du monde.

Les problèmes de la diaspora

La diaspora camerounaise souffre de nombreux problèmes qu’il va falloir prendre en charge lors de la reconstruction proposée par le Parti UNIVERS :

- Elle n’est pas encadrée par le Gouvernement camerounais ;

- Elle est écartée de la gestion des affaires du Cameroun ;

- Elle n’est pas protégée par les services consulaires du Cameroun à l’étranger où leurs membres sont, quasiment ignorés ; ils sont victimes de toutes sortes de brimades la part des diplomates camerounais qui les méprisent et parfois même, les détestés ;

- Elle est privée de la nationalité camerounaise, dès lors qu’elle acquiert la nationalité du pays d’accueil.

Solutions

Les problèmes de la diaspora, dans leur relation avec le Cameroun, peuvent être résolus à travers trois mesures à prendre : l’instauration de la double nationalité, l’intégration de la diaspora dans la vie du Cameroun, l’encadrement et la protection des camerounais de la diaspora.

1°- L’instauration de la double nationalité

Une nation se développe avec l’apport de tous ses fils, quel que soit le lieu où ceux-ci se trouvent. Il faut impérativement amener la diaspora camerounaise à se mettre au service du Cameroun. Une bonne partie des problèmes de la diaspora camerounaise, répertoriés plus haut, trouveront des solutions à partir de la simple volonté des dirigeants issus d’un Cameroun reconstruit. L’instauration de la double nationalité sera l’expression de cette volonté pour le Cameroun de protéger ses nationaux, de les encadrer, et de leur permettre de participer activement à la vie et au développement de leur nation d’origine. Ceci suppose, la possibilité pour les camerounais ayant acquis une nationalité étrangère, de conserver leur nationalité camerounaise. Ceci passera par la mise en place d’un nouveau code de la nationalité. Il est en effet impensable que les normes régissant la nationalité camerounaise soient issues d’une loi vieille de près de soixante (60) ans. En réalité, la loi camerounaise de 1968 sur la nationalité était une norme de circonstance. A cette époque-là, les gouvernants du Cameroun faisaient face à une opposition armée, de la part de ces camerounais qui contestaient l’accession du pays à l’indépendance, dans les conditions et dans la forme où celle-ci a été octroyée. Beaucoup de ces opposants étaient réfugiés dans des pays étrangers ; et pour mieux se protéger, ils avaient acquis les nationalités de leurs pays d’accueil. Le Gouvernement a donc choisi de retirer la nationalité camerounaise à ces opposants, à travers cette loi de 1968, question de les empêcher de revenir librement au Cameroun et fauter des troubles contre l’ordre établi. Le conteste a changé. Les camerounais de l’étranger ne sont plus des opposants à l’indépendance du Cameroun. La grande majorité des membres de la diaspora aujourd’hui est constituée de camerounais qui ne sont même pas des opposants à l’ordre politique actuel. Beaucoup sont ces camerounais, installés à l’étranger et ayant acquis la nationalité de leur pays d’accueil, qui ne demandent qu’à rentrer librement chez eux au Cameroun, venir y investir et aider leurs parents à sortir de la misère ; beaucoup d’entre eux ont des expertises qu’ils aimeraient simplement faire bénéficier au Cameroun ; certains membres de la diaspora camerounaise, bien intégrer dans la vie politique de leurs pays d’adoption, ou simplement d’accueil, sont prêts à servir d’agents de lobbying dans les relations entre le Cameroun et leurs pays de résidence. Quoi qu’il en soit, tous les membres de la diaspora seraient heureux de ne plus être considérés juridiquement comme étrangers au Cameroun ; ils aimeraient séjourner au Cameroun, sans avoir à faire la demande d’un visa d’entrée ou d’une carte de séjour.

2°- L’intégration de la diaspora dans la vie nationale

Au niveau national, un service du Ministère des relations extérieures sera spécialement en charge de la gestion des camerounais de l’étranger. Ce service devra être très actif : recenser et répertorier les compétences camerounaises à l’étranger, identifier les secteurs d’activités au niveau national dans lesquels les camerounais de l’étranger peuvent venir investir ; faire des offres d’investissement à allant à la recherche et à la rencontre des camerounais de l’étranger. En même temps, des mesures devront être prises pour permettre aux Camerounais de l’étranger de rapatrier les richesses acquises à l’étranger. Le lien entre le camerounais de l’étranger et le son pays ne devra plus être rompu. On doit aussi penser à amener les camerounais de l’étranger à participer à la vie politique de leur pays d’origine. Ainsi, des sièges au Parlement devront être réservés à la diaspora camerounaise. Les camerounais de l’étranger seront regroupés en une ou plusieurs circonscriptions électorales pour les élections parlementaires.

3°- L’encadrement et la protection des camerounais de la diaspora

La politique étrangère doit tendre à l’encadrement et la protection des camerounais installés à l’étranger. Les ambassades et les consulats du Cameroun à l’étranger doivent véritablement être mis à contribution ; ils doivent sortir de leur léthargie actuelle. L’État doit pouvoir apporter son appui à tout camerounais en difficultés à l’étranger ; il doit pouvoir aider tout camerounais à s’insérer et à se développer à l’étranger.

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