Chapitre 18 - De la promotion de l'éducation physique et du sport

You didn’t come this far to stop

L’activité physique comporte des avantages pour le corps humain ; elle accroit le bien-être, prolonge l’espérance de vie et réduit les risques de maladie grave. Les activités physiques constituent alors une question de santé individuelle et de santé publique, pour laquelle les pouvoirs publics doivent s’investir, à travers des conseils donnés aux populations. Il faut inviter les citoyens à ne pas être sédentaires ; il faut marcher, courir, monter des escaliers, faire du jardinage (…). Le sport est un ensemble activités physiques, se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, donnant généralement lieu à des compétitions, pratiquées en observant certaines règles prédéfinies. Le sport au Cameroun se heurtent à de nombreux problèmes pour lesquels des solutions doivent être envisagées dans la cadre de la Reconstruction, qu’il s’agisse du sport de masse (Thème 1) ou qu’il s’agisse du sport de compétition (Thème 2).

Thème 1- Le sport de masse

Le sport de masse est celui qui est fait par tout le monde, sans distinction de sexe, d’âge, de profession, de condition sociale (…). Le sport de masse est caractérisé par la recherche de la santé et du bien-être en menant des activités physiques dans une perspective ludique. Le choix de participer simplement l’emporte sur la recherche de la performance ou l’ambition d’être le meilleur.

Le problème

On peut aisément observer, dans les rues, dans les lieux de travail et autres, que les camerounais sont généralement de mauvaise humeur ; ils sont de plus en plus atteints des maladies cardiovasculaires, du diabète et des cancers. Tout ceci s’explique sans doute par la misère qu’ils vivent au quotidien. Mais, cela s’explique aussi en grande partie par le fait que les citoyens font très peu de sport. Les citoyens passent beaucoup plus de temps dans les bars et autres buvettes où ils s’abreuvent d’alcool. Il ne faut toutefois pas leur jeter la pierre dessus. Si les citoyens ne font pas du sport, c’est parce qu’il n’existe pas, dans nos villes et villages, des espaces pour se mouvoir et faire du sport. Il a déjà été relevé que les villes du Cameroun ont poussé comme des champignons (Voir chapitre 6 relatif à "l'Aménagement du territoire"), sans plan d’urbanisation. Dans une ville comme Yaoundé, la capitale, le seul espace aménagé pour le sport de masse est le « Parcours Vita », un prétendu « don » du Chef de l’État aux populations. Seulement, cet espace accueille à peine cent (100) personnes, pour une population de Yaoundé, estimée à plus de trois millions d’habitants. On a ainsi, plus de 99% de la population de Yaoundé qui n’a pas d’espace aménagé par les pouvoirs publics pour la pratique du sport. Certains citoyens courageux font du sport dans les rues de la ville, faute d’espace approprié ; ils se trouvent alors en concurrence avec les véhicules qui y passent et les autres occupants anarchiques de la voie publique. Ce qui est dit pour Yaoundé, est valable pour toutes les autres quatre grandes villes du pays, où le Chef de l’État a « offert » des « Parcours Vita ». Ces espaces dédiés à la pratique du sport apportent satisfaction à moins de 1% de la population des villes bénéficiaires. Sur toute l’étendue du territoire national, il existe des établissements d’éducation de base, d’enseignement secondaire, d’enseignement supérieur, de formation professionnelle, regroupant de nombreux jeunes. Près de 95% de ces établissements sont construits sans que l’on ait prévu des cours de récréation et des espaces pour la pratique du sport. Pour tout dire, les camerounais ne font pas de sport, faute d’infrastructure pour le faire.

Solution

Pour la Reconstruction du Cameroun, il va falloir veiller à ce que tous les établissements scolaires et universitaires, tous les centres de formation des jeunes, aient des espaces pour la pratique du sport. Ceci signifie alors que pour les établissements déjà créés, sans que cette condition soit remplie, il va falloir procéder à des destructions des immeubles autour, pour avoir des espaces dédiés à la pratique du sport. Si cet aménagement se révèle difficile, en terme notamment de coût de démolition des autres infrastructures autour, il va bien falloir que l’établissement soit délocalisé pour trouver un espace approprié ailleurs.

En dehors des établissements de formations des jeunes, la pratique du sport de masse passe par la création des espaces pour la pratique du sport dans tous les quartiers de résidence des populations. Il va falloir mettre en exécution les solutions déjà proposées dans le chapitre 6 relatif à l’aménagement du territoire et de nos villes, à savoir, des casses pour créer des espaces pour la pratique du sport. Il sera exigé que toute commune ait au moins un terrain sur lequel on peut jouer un match de football ou de rugby, et une piste d’athlétisme. Au-delà, chaque commune doit justifier des installations pour toutes les disciplines sportives dont les fédérations existent officiellement au Cameroun. Ceci permet à chaque citoyen de pratiquer la ou les disciplines sportives de son choix, et ce quel que soit le lieu du Cameroun où il se trouve.

Thème 2- Le sport de compétition

Le sport de compétition est une activité physique dans laquelle il y a confrontation entre une ou plusieurs personnes concurrentes, pratiquée dans le respect des règles de droit, qui permettent de dire qui est le meilleur en termes de performance. Le sport de compétition existe au Cameroun, bien avant l’arrivée des colons européens. Le sport le plus connu était la lutte traditionnelle. Avec l’arrivée des colons, beaucoup de sports de compétition ont fait leur apparition au Cameroun et se sont développés jusqu’à nos jours. Le Cameroun connait, en ce moment, plus de 50 fédérations sportives, censées pratiquer le sport de compétition.

Le sport de compétition au Camerounais connait de sérieux problèmes auxquels il faut trouver des solutions, aussi bien au niveau national (Sous-thème 1), qu’au niveau international (Sous-thème 2).

Sous-thème 1 - Le sport de compétition au niveau national

Problème

Après l’accession du Cameroun à l’indépendance, le sport de compétition a connu un essor considérable ; il offrait de nombreux spectacles aux populations et les athlètes s’y épanouissaient. On se souviendra toujours de ces stades remplis de spectateurs pour un match de football ou pour une compétions d’athlétisme ; A un époque, les rues de nos villes étaient prises d’assaut par des populations acclamant des coureurs cyclistes en compétition sportive ; il existait des espaces remplis de spectateurs venus encourager des compétiteurs dans des combats de boxe, de lutte, de judo ou de karaté. Les champions dans plusieurs disciplines de sport étaient connus de tous ; certains étaient des héros nationaux. De nos jours, il n’existe quasiment plus de sport de compétition au niveau national. Seul le football peut encore se targuer d’organiser des compétitions qui toutefois n’attirent plus du monde, au regard du caractère peut attractif du spectacle offert par les compétiteurs. Les autres disciplines sportives, sur une période d’un an, se contente de regrouper quelques compétiteurs, à un endroit, pour un ou deux jours ; on désigne alors le champion, inconnu du grand public, puisque la compétition se fait généralement sans spectateur. Parfois même, la compétition n’a jamais eu lieu, mais, dans un rapport que les dirigeants de la fédération sportive envoient au Ministre des sports, on désigne, sur le papier, un prétendu champion qui n’a jamais pris part à quelque compétition que ce soit. Pour tout dire, le sport de compétition au Cameroun, au niveau national, se meurt. Ceci s’explique en grande partie par le fait que le sport de masse n’est pas suffisamment développé, pour des raisons évoquées plus haut. Il ne saurait avoir de sport de compétition alors qu’il n’y a pas de sport de masse.

La disparation du sport de compétition s’explique aussi par le retrait de l’État de l’organisation des compétitions nationales. En effet, autrefois, les fédérations sportives, en charge des compétitions sportives, étaient créées et gérées par l’État qui y mettait des moyens. Aujourd’hui les fédérations sportives sont des associations privées, revendiquant la non-ingérence de l’État dans l’organisation des compétitions sportives. Seulement, ces fédérations ont été envahies ou sont créées par des citoyens qui ont des visés autres que le développement du sport. Ils y viennent pour détourner les subventions que l’État verse pour des pseudos participations de ces fédérations aux compétitions sportives internationales ; Ils sont aidés en cela par les fonctionnaires corrompus du Ministère des sports, avec lesquels les dirigeants de fédération se partagent les subventions détournées. Certaines personnes prennent la direction des fédérations juste pour se faire connaitre et s’engager dans d’autres activités, notamment politiques. Certaines fédérations prétendent exister alors qu’on ne retrouve aucune infrastructure leur permettant d’avoir des athlètes, de pratiquer la discipline sportive en question, encore moins d’organiser des compétions. Par exemple, comment peut-on parler de fédération camerounaise de natation, alors qu’il n’existe aucune piscine olympique au Cameroun ? Il n’existe aucun véritable ring de boxe au Cameroun ; la fédération camerounaise d’athlétisme ne dispose d’aucune piste d’athlétisme (…). Au Cameroun, il existe des prétendues fédérations où les dirigeants sont plus nombreux que les athlètes ; certaines fédérations n’ont même pas d’athlète du tout. Nombreuses sont ces fédérations sportives qui ne sont connues qu’à travers leurs dirigeants ; on en entend parler que lorsqu’il s’agit des élections des dirigeants, tous les 4 ou 5 ans ; lorsqu’on parle du sport dans les média, les informations et les débats portent sur ces multiples conflits électoraux entre les dirigeants, pour le contrôle de la gestion purement administrative de la fédération.

Solution

La Reconstruction du sport passe par la mise en place des infrastructures de sport permettant la relance du sport de masse ; ces infrastructures seront aussi mises à la disposition des fédérations qui veulent pratiquer leurs disciplines sportives et organiser des compétitions sportives. La Reconstruction du sport de compétition passe aussi par l’examen des fédérations à qui l’État a confié la gestion du service public du sport. Il va falloir s’assurer que toutes les fédérations, officiellement reconnues comme tel, existent réellement sur le terrain de la pratique sportive ; il faut s’assurer que les fédérations sportives, déclarées comme telle, ont effectivement des athlètes et organisent des compétitions qui attirent des spectateurs ; on ne saurait avoir un mouvement sportif de compétition avec des disciplines sportives qui n’intéressent pas les spectateurs. Pour être admise comme fédération sportive et se voir déléguer la mission de service public du sport, le groupement humain constitué doit établir que la discipline sportive dont il représente les intérêts dispose des infrastructures pour la pratique du sport en question ; il faudra aussi établir qu’il existe déjà des pratiquants de cette discipline sportive, en nombre suffisant, sur toute l’étendue du territoire national, et peut organiser des compétitions. L’administration étatique, en charge de la tenue du fichier officiel des fédérations sportives, devra mettre en place des commissions de vérification de l’existence effective de la fédération et de sa capacité à organiser des compétitions sportives.

Sous-thème 1 - Le sport de compétition au niveau international

La participation aux compétitions sportives internationales permet à un pays de se faire voir et de se faire connaître. C’est un moyen d’affirmer son existence dans le concert mondial des nations. Une victoire à une compétition internationale de sport est un motif de fierté nationale et parfois, une démonstration de cette positivité du pays qui amène les autres nations et les citoyens des autres pays à s’intéresser au pays vainqueur. De l’activité sportive et des victoires enregistrées, on peut alors se retrouver avec des gains, sur le plan touristique, politique, économique et bien d’autres. C’est pourquoi, tous les pays du monde mettent un point d’honneur à participer aux compétitions sportives internationales et remporter des victoires. Seulement, la participation et les succès du Cameroun aux compétitions internationales connaissent des problèmes pour lesquels des solutions doivent être trouvées.

Problème

A l’époque où les compétions sportives nationales étaient organisées par l’État, le Cameroun participaient aux compétions internationales, avec quelques succès enregistrés. On se souvient qu’en 1968, la Cameroun, à travers la boxe, gagne sa première médaille olympique. Dans les années qui vont suivre, les sportifs camerounais réalisent de très bonnes performances dans des compétitions internationales. Aujourd’hui, le Cameroun a du mal à réaliser des exploits au niveau international. Rien d’étonnant d’ailleurs à cela, dès lors que le sport de masse et de compétition se meurent au niveau national. On se demande bien où l’on va trouver des sportifs pour des compétions internationales. On se souvient que pour les derniers jeux olympiques à Paris, le Cameroun n’a présenté que six athlètes, avec une délégation composée à plus de 90% d’accompagnateurs, non-athlètes. Les athlètes eux-mêmes étaient des illustres inconnus, dont-on a rarement entendu parler au niveau national. Généralement, pour les compétitions internationales, les dirigeants du sport au Cameroun vont chercher les sportifs camerounais de la diaspora ; c’est avec ces athlètes, issus des fédérations sportives étrangères, que sont composées les équipes nationales du Cameroun, appelées à participer aux compétitions internationales ; le jeune camerounais qui vit au Cameroun a très peu de chance d’intégrer une équipe nationale pour des compétitions internationales, parce qu’il est insuffisamment préparé, ou pas du tout préparé, faute d’infrastructure d’entrainement au Cameroun, et de compétition au niveau national. Lorsque les dirigeants sportifs de la fédération n’arrivent pas à trouver des athlètes dans la diaspora, ils rassemblent quelques jeunes au Cameroun, issus de leur cercle familial, d’amis et connaissances, composent à la hâte une équipe nationale, initient ces jeunes à la pratique de la discipline sportive, une initiation qui se limite parfois à la théorie, faute d’infrastructure pour la pratique. Ces pseudo-athlètes vont faire le voyage à l’étranger, sous le prétexte de participer à la compétition internationale organisée ; ils se contenteront de la simple participation ; à la fin de la compétition, ils ne rentrent plus au Cameroun et s’installent clandestinement dans le pays étranger ayant organisé la compétition sportive. C’est ainsi que de vastes réseaux d’émigration clandestine des jeunes sont organisés au Cameroun par de nombreuses fédérations sportives, sous le fallacieux prétexte des compétitions internationales. Pour tout dire, le Cameroun ne brille plus dans les compétitions sportives internationales.

Solutions

Pour résoudre le problème du sport camerounais au niveau international, il faut préalablement trouver des solutions aux problèmes qui minent le sport au niveau national. Une bonne organisation des compétitions au niveau national permet de détecter les meilleurs camerounais dans chaque discipline sportive ; ce sont ces derniers qui pourront alors valablement représenter le Cameroun au niveau des compétitions internationales. Les compétences et les talents se détectent, certes, mais il faut aussi pouvoir les fabriquer. Le Cameroun a souvent été présenté comme une Afrique en miniature. Ceci est aussi vrai sur le plan du paysage humain. Le Cameroun est en effet, l’un des rares pays au monde où l’on peut trouver tous les profils physiques humains, que l’on peut exploiter dans le domaine du sport, et dans diverses disciplines. Dans l’Extrême-Nord, on trouve des camerounais de très grandes tailles, un profil que l’on peut exploiter pour des disciplines comme de basketball, le volleyball, le saut en hauteur (…). Les Camerounais du Département du Mbam, dans la Région du Centre, les Toupouri et les Massa dans la Région de l’Extrême-Nord, sont réputés pour la robustesse de leurs muscles que l’on peut exploiter dans les sports de combat comme la boxe, le judo, la lutte (…) et ce, pour les catégories de poids lourds. Le Cameroun est l’un des rares pays au monde où l’on peut trouver des adultes de très petites tailles. C’est le cas des pygmées des Régions de l’Est et du Sud, que l’on peut former pour les sports de combat, dans les petites catégories de poids. Ce profil « pygmée » peut aussi être utilisé dans la gymnastique, où généralement il faut compter avec des athlètes de petites tailles. Des études sur le physique, la physiologie et la psychologie des camerounais des divers régions doivent être menées dans la cadre de la détection des athlètes.

La préparation des compétitions internationales ne doit pas se faire seulement lorsque l’évènement est annoncé. La détection des talents et des compétences doit se faire dès le bas âge ; on doit pouvoir se projeter sur quinze ou vingt ans. Par exemple, lorsque l’on prend un enfant à l’âge de 5 ans, c’est pour le préparer pour des jeux olympiques qui auront lieu lorsqu’il aura 20 ans ; on en a alors pour environ 15 ans de préparation et de suivi. Pour cela, le budget de l’État doit être mis à contribution pour la détection, l’encadrement et le suivi des athlètes. Dans chaque discipline, on doit pouvoir détenir le fichier des meilleurs sportifs camerounais, pour en faire des pupilles de la nation, dans le cadre de leur préparation aux compétitions internationales. Le budget de l’État devra donc financer des stages pour ces athlètes à l’étranger, pour que ces derniers se frottent aux autres athlètes, question d’évaluer en permanence leur niveau de formation et de préparation.